
De Paul César Helleu (1859-1927) à Proust
Le succès de Paul César Helleu ne se dément pas. Les collectionneurs aiment ce peintre de la belle époque. La SVV Thierry de Maigret à Drouot proposait deux œuvres plutôt mineures du maître, le 2 juillet 2025, et dans un contexte économique difficile, ce fut réussi.
Une pointe sèche, i. e. un multiple mais néanmoins rarissime, représentait le portrait de Marcel Proust sur son lit de mort. Un pastel représentait une élégante en robe blanche. Comme Marcel Proust s’est inspiré de Paul César Helleu pour le personnage d’Elstir dans « A La recherche du temps perdu » le plus judicieux est de laisser l’écrivain s’exprimer à propos de lui, on ne fera pas mieux!
« Et l’atelier d’Elstir m’apparut comme le laboratoire d’une sorte de nouvelle création du monde, où, du chaos que sont toutes choses que nous voyons, il avait tiré, en les peignant sur divers rectangles de toile qui étaient posés dans tous les sens, ici une vague de la mer écrasant avec colère sur le sable son écume lilas, là un jeune homme en coutil blanc accoudé sur le pont d’un bateau. Le veston du jeune homme et la vague éclaboussante avaient pris une dignité nouvelle du fait qu’ils continuaient à être, encore que dépourvus de ce en quoi ils passaient pour consister, la vague ne pouvant plus mouiller, ni le veston habiller personne. »
Ailleurs, à propos d’Elstir, traduire donc Paul César Helleu, Marcel Proust écrit : « Le génie artistique agit à la façon de ces températures extrêmement élevées qui ont le pouvoir de dissocier les combinaisons d’atomes et de grouper ceux-ci suivant un ordre absolument contraire, répondant à un autre type. Toute cette harmonie factice que la femme a imposée à ses traits et dont chaque jour avant de sortir elle surveille la persistance dans sa glace, chargeant l’inclinaison du chapeau, le lissage des cheveux, l’enjouement du regard, d’en assurer la continuité, cette harmonie, le coup d’œil du grand peintre la détruit en une seconde, et à sa place il fait un regroupement des traits de la femme, de manière à donner satisfaction à un certain idéal féminin et pictural qu’il porte en lui. «
Mais revenons plus prosaïquement au marché de l’art. En une, la gravure de Proust sur son lit de mort ( 44 x 64 cm ), estimée entre 1000 et 2000 € fut disputée jusqu’à 5850 €. Le pastel quant à lui, ci-dessous, 75 x 44 cm estimé 2000 à 3000 € se vendit 6240 €.

Frédéric Le Quer
Le succès de Paul César Helleu ne se dément pas. Les collectionneurs aiment ce peintre de la belle époque. La SVV Thierry de Maigret à Drouot proposait deux œuvres plutôt mineures du maître, le 2 juillet 2025, et dans un contexte économique difficile, ce fut réussi. Une pointe sèche, i. e. un multiple mais néanmoins rarissime, représentait le portrait de…