Raoul Dufy (1877-1953)
Mardi 24 juin 2025, la vacation de la maison Digard à Drouot s’appelait « Importants tableaux modernes et contemporains ». En effet, il y avait entre autres un tableau de Renoir, deux Utrillo, deux Bonnard, deux Jouve et un Delaunay. Que croyez-vous qu’il leur arriva? Ils restèrent tous les huit invendus! Les tableaux contemporains eurent un peu plus de chance mais les estimations étaient aussi plus modestes. Fernand Léger gardait ses amateurs. Arrêtons-nous sur le Raoul Dufy, en une, au cadrage osé et qui trouva, lui, preneur!
On est en 1906. Le fauvisme obtient son court moment de gloire. Avec Friesz, Braque, Matisse, Derain, Vlaminck, Van Dongen et Rouault, Raoul Dufy en est comme en témoigne notre huile sur toile intitulée « La grosse barque sur le Loir ». Les couleurs sont intenses, la rivière est violette comme le ciel. « L’embarcation flotte dans un décor presque irréel », se sent obligé de remarquer le catalogue. On est quand même loin du Dufy que l’on connait, que l’on reconnait au premier coup d’œil, le Dufy par exemple de La fée électricité du musée d’art moderne de la ville de Paris. Mais dans sa fameuse peinture baroque aux traits légers qui fera sa gloire, il garde les couleurs vives. Les orchestres, les musiciens, les courses de chevaux, les élégantes au bord de la mer viendront plus tard. L’aquarelle et l’émulsion souple qu’il développa en aspirant à atteindre une ductilité et une transparence comparables à celles de ses aquarelles, vinrent aussi plus tard.
C’est donc un petit tableau postimpressionniste (47 x 61 cm) de Raoul Dufy qui ravit les amateurs d’art. Estimé entre 80 000 € et 150 000 €, il fut acquis pour la somme de 110 500 €.
Frédéric Le Quer
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