Vu Cao Dam (1908-2000)
Carton presque plein pour la vente haut de gamme – highlight, comme il se dit maintenant – de la maison Gros & Delettrez à Drouot, le 18 juin 2024. Trois invendus seulement sur 66 lots, un Majorelle avec un nu féminin orientaliste et deux César, une combustion et une compression. Si l’art moderne français trouva facilement preneur néanmoins, l’art vietnamien fit un malheur avec un pays qui s’enrichit et qui rapatrie ses œuvres à grand frais comme la Chine le fit avant lui. Arrêtons-nous sur le peintre et sculpteur franco-vietnamien Vu Cao Dam!
Mais commençons par le commencement! L’école des beaux arts de l’Indochine fut fondée en 1924 par le gouvernement colonial français dans la lignée de l’école nationale des beaux arts d’Alger qui existait depuis 1843, et de l’école des beaux arts de Tunis depuis 1923. Si nos amis maghrébins n’ont pas fait grand chose de cet apport culturel, les vietnamiens s’en sont emparés pour former quelques uns des grands artistes du XXe siècle.
Vu Cao Dam entre en 1926 à l’école des beaux arts d’Hanoï où la sélection organisée par les peintres Victor Tardieu et Nguyen Nam Son est des plus intransigeantes. Son mérite lui donne droit à une bourse pour venir à Paris parfaire sa formation. Le succès grandissant qu’il connait et son amour pour la culture française le feront rester en France. De là, se concentrant sur la figuration, il régénère la peinture indochinoise en y ajoutant certaines caractéristiques de la peinture occidentale. De Paris à New York, Chicago, Palm Beach, ses expositions remportent un beau succès.
A Drouot, donc, cette semaine, le tableau en une, des pivoines dans un vase rouge de 1941, une encre sur tissu, signée et datée en lettres latines et en vietnamien, 54 x 43 cm, était proposé entre 25 000 et 35 000 €. C’était voir beaucoup trop juste! Un vietnamien dans la salle s’en empara contre des téléphones pour la somme finale de 208 000 €.
Pour avoir une autre idée de la cote de Vu Cao Dam, retenons, par exemple, l’huile sur toile vendue par Me Aguttes à Neuilly le 9 octobre 2019! Cette maternité au coq, ci-dessous, de 1958 dans son cadre d’origine réalisé par l’artiste, 65 x 81 cm, fut acquise pour 117 000 €.
Frédéric Le Quer
Carton presque plein pour la vente haut de gamme – highlight, comme il se dit maintenant – de la maison Gros & Delettrez à Drouot, le 18 juin 2024. Trois invendus seulement sur 66 lots, un Majorelle avec un nu féminin orientaliste et deux César, une combustion et une compression. Si l’art moderne français trouva facilement preneur néanmoins, l’art vietnamien…