FRANS KRAJCBERG (1921-2017) et Pierre Cardin

Pendant qu’au rez-de-chaussée de l’hôtel Drouot se vendait hier le Picasso pour 32 millions d’euros -sauvant largement la saison de la place parisienne -, le premier étage voyait être dispersé des objets ayant appartenu à Pierre Cardin. Aucun invendu. Un public un peu jet set remplissait la salle. On pouvait par exemple voir un jeune homme faisant penser au personnage de l’aristocrate ruiné et décadent du film « Jet set ». Son costume tape à l’œil à grands carreaux ne dissimulait pas à celui qui le regardait de près le petit trou au niveau de l’épaule. C’était drôle. Je me disais qu’il était surement raide comme un passe lacet. Le tableau de Frans Krajcberg en une n’était pas pour lui… Cette abstraction à l’état de nature (!) fut le meilleur résultat de la vacation.

Frans Krajcberg, juif polonais d’origine, est depuis la seconde guerre mondiale au cours de laquelle il se comporta en héros sur tous les fronts, un militant écologiste. Au commencement ça n’existait pas et ce fut un peu comme Monsieur Jourdain, sans le savoir. Son goût le portait vers des espaces naturels grandioses en particulier au Brésil, pays dont il prit la nationalité. L’inexorable artificialisation des sols le mena vers le militantisme. Son oeuvre picturale et sculpturale dénonce les ravages de l’industrialisation et de la déforestation. Frans Krajcberg publie en 2013 avec Claude Mollard : « Le Nouveau Manifeste du Naturalisme intégral », un appel à tous les acteurs du monde de l’art, pour réveiller les consciences, initier un mouvement artistique pour la défense de l’environnement et des peuples amérindiens.

Au moment où le tableau passait en vente, la commissaire priseure annonçait qu’il fut par le passé exposé à l’espace Cardin ( De nos jours, le travail de Frans Krajcberg suite à la donation qu’il fit à la ville de Paris, en particulier ses fameuses racines et troncs brûlés, est visible à Montparnasse dans l’Espace Frans Krajcberg ). Notons ici que la sous-estimation des objets mis en vente, dont notre tableau, était une façon d’attirer les amateurs d’art ! Attendu d’après le catalogue entre 20 000 et 40 000 €, la belle enchère qui conclut l’acharnée bataille, se situa au téléphone à 192 400 €.

Frédéric Le Quer

Pendant qu’au rez-de-chaussée de l’hôtel Drouot se vendait hier le Picasso pour 32 millions d’euros -sauvant largement la saison de la place parisienne -, le premier étage voyait être dispersé des objets ayant appartenu à Pierre Cardin. Aucun invendu. Un public un peu jet set remplissait la salle. On pouvait par exemple voir un jeune homme faisant penser au personnage…

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