Alexandre Séon (1855-1917)

La jeune femme dessinée par Alexandre Séon, en une, avec ses yeux aveugles qui participent de son étrangeté, aurait pu décrocher le premier rôle dans « La symphonie pastorale » d’André Gide. Je m’adresse aux plus anciens; plus personne ne lit Gide de nos jours et c’est dommage… Mais le propos n’est pas là. Le dessin au fusain, sanguine et rehauts de blanc en une était présenté chez Beaussant Lefèvre pour la réouverture de l’hôtel Drouot et créa une certaine surprise.

Drouot était plein mercredi. Les amateurs avaient attendu avec impatience ce premier jour de l’année 2025. Les ventes étaient aussi nombreuses. Les vacations furent probablement un succès pour tous les commissaires priseurs qui avaient pris soin de ne proposer rien de grandiose mais rien non plus de trop médiocre.

Comme vous pouvez voir, notre portrait n’est guère naturaliste. Le regard de la femme à tout de symboliste, presque allégorique. Sa beauté est figée dans une espèce de contemplation poétique un peu triste ou mélancolique. Elle semble étrangère au reste du monde. Mais comme à son habitude, Alexandre Séon ne nomme rien, n’explique rien. Le symbolisme est par essence énigmatique. Paul Valéry écrit que « le symbolisme est une époque d’invention ». C’est ainsi que notre peintre comme ses confrères de l’époque cherche à créer de nouvelles formes graphiques.

Plus prosaïquement, notre tableau, la feuille mesurant 40 x 31 cm, était modestement estimé entre 500 et 800 euros. La bataille fut acharnée et amena l’acquéreur au téléphone à dépenser 6 360 €. On remarquera le joli cadre en bois sculpté.

Frédéric Le Quer

PS : ci-dessus, pour donner une idée du travail du peintre, « La sirène » d’Alexandre Séon, huile sur toile 75,4 x 48 cm, visible au musée d’art moderne de St Etienne.

La jeune femme dessinée par Alexandre Séon, en une, avec ses yeux aveugles qui participent de son étrangeté, aurait pu décrocher le premier rôle dans « La symphonie pastorale » d’André Gide. Je m’adresse aux plus anciens; plus personne ne lit Gide de nos jours et c’est dommage… Mais le propos n’est pas là. Le dessin au fusain, sanguine et rehauts de…

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