Jacques Monory (1924-2018)
L’hôtel Drouot fut bien calme cette semaine. Les curieux de la rentrée s’étaient dispersés. Les salles ne faisaient pas vraiment le plein. Seuls les bijoux, St Valentin oblige, permirent, grâce à la hausse de l’or, de fréquents résultats à cinq chiffres. Les tableaux étaient relégués au sous-sol. Même un nom comme Jacques Monory ne fit pas vraiment recette.
En fait une salle à Drouot coûte très cher aux maisons de ventes aux enchères. Quand la saison n’est pas la bonne, quand les œuvres proposées ne sont pas de qualité suffisante, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Les commissaires priseurs se délocalisent en banlieue et les marchands les suivent espérant dégoter une perle rare dans l’apparent bazar des vacations sans prétention.
La maison Art Richelieu se risquait néanmoins hier 31 janvier en salle 10, grande pièce au sous-sol qui semblait bien vide avec ses quelques clients. Le programme débutait par des bijoux et suivaient ensuite les tableaux. Un tableau de Jacques Monory était probablement d’un point de vue de l’histoire de l’art ce qu’il y avait de plus intéressant. L’artiste est l’un des grands du mouvement « figuration narrative » qui vit des peintres des années 60 renoncés à l’abstraction pour décrire un monde consumériste et violent à l’images des codes venus d’Amérique. Avec la peinture, Monory disait « se débarrasser de la réalité et de ses cauchemars ». Il ajoute avoir utilisé ce médium « à des fins explicatives sur ce qu’il ressentait dans le monde ».
Notre tableau en une était à l’évidence une oeuvre mineure de Jacques Monory. Intitulé « Personnage », technique mixte, signée et datée (19)63, collage et huile sur panneau, numérotée 139, 58,5 x 58 cm, l’expert l’avait évalué modestement entre 800 et 1000 euros. L’acheteur n’était pas dans la salle. Il mit 1250 euros environ avec les frais pour se l’offrir.
Frédéric Le Quer
PS : Ci-dessus un tableau de Jacques Monory du centre Pompidou. Huile sur toile, miroir brisé avec impacts de balles. 228 x 195 cm
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