Arnaud Beltrame, le sauveur de Julie Grand
Le sacrifice de l’officier de gendarmerie Arnaud Beltrame en 2018 quand il échange sa vie contre celle de la caissière du supermarché attaqué par un terroriste islamiste, a toujours été troublant pour ne pas dire dérangeant.
La personnalité dont il fait montre à travers sa biographie, est particulièrement complexe, ambivalente. Il est par exemple tout à la fois franc-maçon et catholique pratiquant ce qui reste une gageure vis à vis des ecclésiastiques. Par exemple aussi, il s’attache à faire annuler son premier mariage, 17 ans après avoir convolé, démarche quand même inhabituelle. Sa carrière militaire n’en est pas moins exceptionnelle puisque héros il fut déjà quand il réussit à exfiltrer une ressortissante française d’Irak en 2005.
Arnaud Beltrame meurt égorgé. Sa foi est une explication donné par la famille de son sacrifice. Son sacerdoce consistant à protéger et à servir en est une autre donnée aussi par sa famille.
La république française aux institutions vacillantes, qui représente d’autant moins qu’elle est constamment appelée à la rescousse pour des valeurs galvaudées sur lesquelles les français ne s’accordent même pas, la république française, donc, ne cesse de rendre hommage au héros devenu la figure tutélaire d’un pays qui se cherche en vain des héros depuis cinquante ans, la bouée de sauvetage d’un régime qui dégoûte un peu tout le monde, l’ultime justification d’un pays en capilotade. Alors comment ne pas penser « à quoi bon » ?
Mais il reste l’employée du supermarché, celle qui grâce à Arnaud Beltrame continue de vivre. Sa personnalité est une piste, une piste comme par hasard, mieux comme par enchantement. Julie Grand est complètement sous employée comme caissière puisqu’elle a un diplôme d’ingénieur en hygiène sécurité et environnement. Dans l’attente de trouver un travail à hauteur de ses capacités, le job lui permet de mieux s’occuper de sa fille. Le jour où Julie Grand est prise en otage et qu’elle voit arriver son sauveur, l’hésitation du terroriste pas encore tout à fait sûr d’accepter cet échange, lui fait comprendre qu’il faut qu’elle prenne sa chance et s’en aille au plus vite. Son intelligence, son sens de l’a-propos lui permettent alors de survivre. Le destin d’Arnaud Beltrame venu la remplacer est scellé.
Le 22 janvier prochain débute le procès de l’attentat de Trèbes. Julie Grand sort un livre le 10 janvier relatant son histoire. Bien sûr c’est toujours plus ou moins suspect de sortir un livre sur un moment dont on est la principale protagoniste et dont on espère tirer un peu de sous. Mais cette femme explique sa difficulté de vivre en se sentant responsable de la mort du sacrifié. Elle dévoile qu’elle a une conscience. La culpabilité d’être encore en vie continue de la travailler. Il faut la croire sincère.
Arnaud Beltrame est alors peut-être mort sans le savoir pour quelqu’un qui en valait la peine. Un miracle chrétien avec cette femme depuis convertie au catholicisme.
Frédéric Le Quer
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