Recrutement des médecins étrangers

Le recrutement de médecins étrangers battait son plein en cet hiver où les épidémies se multipliaient dans l’hexagone. Un entretien d’embauche se déroulait au ministère des solidarités et de la santé.

-Bonjour, je suis sorcier à coté de Bamako.

L’homme était grand et fort. Il parlait français avec l’accent de là-bas.

-Et je veux devenir médecin à Paris pour aider mon village avec l’argent que je lui enverrai.

Devant lui, le fonctionnaire du ministère de la santé qui avait ostensiblement laissé traîner sur son bureau sa carte du parti Renaissance, le regardait avec sympathie.

-Ah! Votre profil est très intéressant. Donc vous pratiquez la médecine.

-Oui. Mon village s’est cotisé pour m’envoyer chez vous, persuadé que mes performances passées pourraient vous laisser présumer de mes performance à venir dans votre pays.

-Mais évidemment. Quelles sont-elles? Racontez-moi tout!

-Bien sûr j’assure à ma patientèle le retour de l’être aimé.

L’emploi du mot patientèle avait mis le fonctionnaire dans de très bonnes prédispositions. Il se rendait compte qu’il avait à faire à un véritable professionnel.

-Oui, cela va de soi, répliqua donc aussitôt le fonctionnaire même si le retour de l’être aimé lui semblait tout de même assez secondaire.

Ses collègues disaient de lui qu’il était un examinateur peau de vache. Il venait de retoquer un rebouteux berrichon malgré ses lettres de recommandation grandiloquentes.

-Mais encore?

-Je guéris le diabète, le cholestérol et le cancer. Je ressuscite les victimes d’infarctus. Je réanime les paralytiques.

-Oh! Mais c’est très bien. Vos résultats sont impressionnants.

-Oui, j’en suis assez fier.

-Et vous avez des témoignages de vos patients?

Le candidat sortit une chemise qui contenait des dessins à la mine de plomb rehaussés de couleurs avant et après de ses patients prouvant incontestablement son savoir-faire. L’un d’eux montrait un homme en érection qui interloqua le fonctionnaire.

-Oui je rends aussi leur vigueur passée aux hommes l’ayant perdue.

-C’est un petit plus vous avez bien fait de me le signaler.

L’examinateur resta quelques instants à regarder l’énorme engin du monsieur en se disant qu’il pourrait peut-être demander une consultation. Puis il reprit l’entretien.

-N’avez vous pas peur que vos connaissances ne manquent à vos concitoyens?

-J’ai formé mon fils pendant deux semaines avant de partir. Je lui ai appris tout ce que je sais. J’ai confiance. Il me remplacera sans aucun problème.

-Tant mieux ce problème est donc réglé. Vous savez la France ne veut pas vider de ses élites intellectuelles les pays d’Afrique. Mais elle a besoin drastiquement de médecins pour soigner sa population.

-Et bien je suis là.

-Je vois, je vois et j’en suis ravi. J’aimerais tant avoir de nombreux postulants avec les mêmes références que vous. Alors quand pouvez-vous commencer?

-Mais tout de suite.

-Bon alors je vous donne l’adresse. Vous allez à l’hôpital de La Fontaine à Saint Denis. Je téléphone immédiatement et quelqu’un vous accueillera et vous présentera votre nouveau lieu de travail. Je vous souhaite bon courage.

Les deux hommes se serrèrent la main chaleureusement. La France venait de recruter un médecin supplémentaire. Le macronisme était d’une efficacité redoutable avec le recrutement des médecins étrangers.

Frédéric Le Quer

Le recrutement de médecins étrangers battait son plein en cet hiver où les épidémies se multipliaient dans l’hexagone. Un entretien d’embauche se déroulait au ministère des solidarités et de la santé. -Bonjour, je suis sorcier à coté de Bamako. L’homme était grand et fort. Il parlait français avec l’accent de là-bas. -Et je veux devenir médecin à Paris pour aider…

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