Canaletto (1697-1768)
“Quoi de plus banal qu’une vue de Venise?” Demande Jacques Thuillier dans son histoire de l’art. Peut-être, sauf quand Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto transforme sa ville natale en un endroit fabuleux où fourmille une multitude de petites activités. Et les panoramas n’en sont pas moins spectaculaires baignant dans une lumière limpide. Ce n’est pas un hasard si Canaletto, après son retour de Londres est nommé professeur de perspective à l’académie des beaux arts de Venise.
Il n’en demeure pas moins que sa fin de carrière est en demi teinte. Son style est jugé trop mécanique. Certaines rumeurs le présentent comme un imposteur. Son usage supposé de la camera obscura pour ses représentations de Venise, comme aujourd’hui d’autres peignent à partir de cartes postales, n’est pas étranger à cette disgrâce. Il n’empêche que ses tableaux continueront longtemps à être imités et sont de nos jours immodérément recherchés.
Des vedute – vues de Venise – apparaissent assez fréquemment dans les salles de vente aux enchères avec les mentions allant de “entourage de Canaletto” à “suiveur de Canaletto” (on considère comme suiveur le peintre d’une oeuvre composée jusqu’à 50 ans après la mort de l’artiste). Ainsi la maison Euvrard & Fabre proposait le 23 avril 2024 à Drouot lors d’une vente classique deux lots représentant Venise.
Le premier, en une et ci-dessus, avec une estimation entre 10 000 et 15 000 €, était désigné comme suit : école italienne du XVIIIème siècle, entourage de Canaletto Vue de fantaisie du Campo Santi Giovanni e Paolo Vue de fantaisie de la basilique San Giorgio Maggiore. Paire de toiles, sur leurs toiles d’origines. 56 x 73 cm. 43 520 € furent nécessaires pour se les offrir, soit trois fois l’estimation haute quand même..
Le second lot était décrit comme une école italienne du XVIIIème siècle, suiveur de Canaletto. Le Grand Canal, vu du palais Vendramin Calergi Toile 56 x 79 cm. L’estimation était entre 6000 et 8000 €. Un amateur paya le tableau 15 417 €.
Frédéric Le Quer
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