
Catholique
Lors d’une discussion de café entre trois français de souche et un espagnol très francisé, nous discutâmes art et religion. Deux d’entre nous étaient des agnostiques militants. L’un d’entre nous était catholique croyant portant discrètement autour du cou une petite médaille de la vierge que nous ne vîmes que parce qu’il nous la montra. Il y avait moi aussi, pas vraiment croyant, mais culturellement catholique parce que profondément français.
Nos deux athées s’extasiaient d’autant plus sur l’art de l’antiquité qu’ils en ignoraient ainsi l’art chrétien. L’un d’entre eux, d’un bond gigantesque, n’hésita même pas à louer la deuxième école de Paris, celle qui voit l’abstraction devenir le centre des préoccupations artistiques. Sus à l’art religieux!
De mon coté, je moquai d’abord les dessins des hommes préhistoriques probablement plus proches du chamanisme que de la recherche du beau. Puis, m’enhardissant, je m’amusai des représentations humaines des égyptiens avec leurs têtes de profil, leurs pieds de profil et leurs torses de face. Ma mauvaise foi provocante rit aussi des quelques colonnes de l’acropole. On me compara à Obélix qui dans Astérix et les Jeux Olympiques préférait un beau menhir.
En fait mes bravades avaient pour but de venir au catholicisme. Je louai alors cette religion à nulle autre pareille qui avait tout inventé ou presque. Roman. Gothique. Art religieux aux codes d’abord rigoureux au moyen-âge puis débridés au moment de la Renaissance jusqu’au XXe siècle. J’admirai les quatre grands Vinci, Michel Ange, Raphael, Titien. Je m’exaltai en mentionnant Poussin et l’art classique français. Et dans mon enthousiasme j’allai même jusqu’à Georges Rouault. Je soutins ainsi que rien n’avait d’égal avec la culture catholique. Le catholicisme avait été un vent de liberté pour les artistes comme aucune religion n’avait su offrir en restant dans des carcans bridant la création artistique.
Sans doute exagérai-je. Si je relate cette entretien passionné qui ne manqua pas de nous faire aussi éclater de rire dans le bistrot, c’est que je viens de lire un post sur X de Damien Rieu. Il en reprenait un autre titré « L’auto-flagellation », un mal occidental » qui disait : « Dans son dernier livre, le philosophe américano-sudédois B. Beckel analyse l’oikophobie (« la haine de sa maison » en grec), c’est à dire le rejet ou le mépris de sa propre culture et de ses traditions ».
Si l’autocritique est une attitude très occidentale, son abus amène à cet espèce de wokisme qui fait détester tout ce qui vient de chez nous. L’état et le chef d’état en premier ne sont absolument plus capables d’honorer notre passé, d’en être fiers. Par bêtise et par inculture. Si le catholicisme n’a pas été parfait, il a donné énormément à l’humanité toute entière. Nous nous renions actuellement. Personne à travers le monde ne se raccrochera à cette autoflagellation crétine. Pour faire envie il faut avant tout croire en soi. Notre civilisation a honte d’elle-même et cela n’a aucun sens, sinon un sens suicidaire.
Frédéric Le Quer
Lors d’une discussion de café entre trois français de souche et un espagnol très francisé, nous discutâmes art et religion. Deux d’entre nous étaient des agnostiques militants. L’un d’entre nous était catholique croyant portant discrètement autour du cou une petite médaille de la vierge que nous ne vîmes que parce qu’il nous la montra. Il y avait moi aussi, pas…