Ce n’est pas ma faute

-On s’ennuie de tout ma chère première ministre, c’est une loi de la nature; ce n’est pas ma faute.

Emmanuel et Elisabeth discutent.

-Ah ! mon Dieu, Emmanuel, M. le Président, que je suis affligée ! Que je suis malheureuse ! Qui me consolera dans ma peine ?

-Si donc, Elisabeth, je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis plus d’un an, ce n’est pas ma faute.

-Vous avez eu tant de bonté pour moi ! Mais vous n’en avez pas dans ce moment-ci ; je n’en suis pas digne.

-En effet. Aujourd’hui la France et avant tout mon avenir exige que je vous sacrifie.

-Ma main tremble, comme vous voyez, je ne peux presque pas écrire, je me sens le visage tout en feu… Ah ! c’est bien le rouge de la honte.

-Croyez-moi, choisissez une autre situation, comme je prends une autre direction. Ce conseil est bon, très bon ; si vous le trouvez mauvais, ce n’est pas ma faute.

-Ce que je me reproche le plus, & dont il faut pourtant que je vous parle, c’est que j’ai peur de ne pas vous avoir protégé, épaulé, obéi, adoré autant que je le pouvais.

-Je n’eus pu espérer première ministre plus soumise. Oubliez enfin les milles raisons qui vous retiennent où vous êtes, et apprenez à vivre où vous n’êtes pas!

-Ma passion est comme au premier jour Emmanuel. Vous pouvez faire de moi votre chose. Vous pouvez m’humilier comme il vous plaira. Je reste votre servante. Humiliez-moi encore Emmanuel!

Les lèvres du président se plièrent de façon mauvaise.

-Votre impitoyable tendresse me force à vous avilir. La politique française exige que je vous sacrifie.

-Je vous en supplie, Monsieur le Président, dites-moi ce que je dois faire : car je n’ai le courage de songer à rien, & je ne fais que m’affliger. Je vous aime Emmanuel!

-Cet intérêt que j’ai cru voir en vous, c’est en moi qu’il existe. Vous installer à Matignon n’a été qu’un moyen de succès. Quelles peines ne vous seriez vous point évitée en y réfléchissant davantage !

-Comment avoir encore la force de vaincre, celle de résister; je savoure le sentiment de ma faiblesse, et je suis contrainte d’avouer ma défaite.

-Adieu, mon Ange, je t’ai prise avec plaisir, je te quitte sans regrets : je te reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute.

Frédéric Le Quer

PS: Toute ressemblance avec “Les liaisons dangereuses” de Pierre Choderlos de Laclos ne saurait être fortuite

-On s’ennuie de tout ma chère première ministre, c’est une loi de la nature; ce n’est pas ma faute. Emmanuel et Elisabeth discutent. -Ah ! mon Dieu, Emmanuel, M. le Président, que je suis affligée ! Que je suis malheureuse ! Qui me consolera dans ma peine ? -Si donc, Elisabeth, je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis plus d’un an,…

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