Pièce d’identité

J’ai envie de raconter une anecdote, une histoire de pièce d’identité, qui m’est arrivée personnellement il y a quelques jours. Elle est assez signifiante du pays tel qu’il est devenu, de moins en moins efficace avec un état à la ramasse.

Début d’après midi. Je pédale sur un vélib’ à Paris. Il fait chaud. Tennis, chino, tea shirt. Je m’apprête à traverser la partie piétonne de la place de la Bastille. Je suis hélé par une policière municipale derrière moi, à pied. Evidemment, j’obtempère.

-Bonjour

-Bonjour

-Qu’est-ce que j’ai encore fait?

J’ai le sourire. ça ne doit pas être bien grave.

-Il est interdit de traverser la place en vélo, me répond-elle avec sévérité

-Je ne savais pas.

En effet aucun panneau là d’où je viens ne le signale.

-Votre pièce d’identité, m’ordonne-t-elle.

Je sens qu’elle prend son rôle très au sérieux et veux me verbaliser. Effectivement un type comme moi, c’est facile, j’ai un nom, une adresse. Je suis français et ça se voit. N’importe quelle administration peut me retrouver. Elle voit bien que je ne suis pas du genre à me rebeller. Mais je ne suis pas pour autant plus con qu’un autre!

-Ah! Excusez-moi! je n’ai pas ma pièce d’identité, juste ma carte vélib’.

Je mens en fait. A mon âge tout le monde a appris qu’il faut sortir avec un peu d’argent et des papiers… Je sors néanmoins de ma poche uniquement cette carte.

-Ah, bon! qu’elle marmonne toute déconfite.

Et elle regarde la fameuse carte à demi effacée depuis que je l’ai. Mon nom est quasiment illisible dessus sans le connaître.

-On vois rien, dit-elle.

Je ne réplique pas attendant la suite qui vient immédiatement.

-Bon alors, vous pouvez y aller. Il faut traverser la place à pied.

Je reprends ma carte, je m’exécute et m’en vais simplement.

Du temps de ma jeunesse si je n’avais pas eu de pièce d’identité, la police m’aurait traîné au commissariat avec juste raison, je trouve d’ailleurs. Aujourd’hui, c’est le meilleur moyen de ne pas être verbalisé, pour une broutille du moins.

Un état failli renonce à toute espèce d’exigence vis à vis des citoyens. Par habitude, ce n’est même pas une question de respect, on continue d’obéir. Quand le fait de ne pas avoir de document d’identité sur soi redeviendra une cause aggravante et non un moyen d’échapper à la loi, l’état français aura surement repris quelques couleurs. En attendant on en est très loin et ce qui se passe actuellement depuis le commencement de l’affaire Nahel avec tous ces gens qui pillent et incendient, le prouve largement.

Concernant d’ailleurs les émeutes en cours, un ami pharmacien a passé sa nuit dans sa boutique de peur d’être pillé. Sa pharmacie de banlieue est tout pour lui. S’ils la saccagent, s’ils volent son stoc d’un demi million d’euros, il aura tout perdu. Il préfère risquer sa vie pour défendre son bien. L’état est complètement défaillant envers les vrais criminels. C’est horrible.

Frédéric Le Quer

J’ai envie de raconter une anecdote, une histoire de pièce d’identité, qui m’est arrivée personnellement il y a quelques jours. Elle est assez signifiante du pays tel qu’il est devenu, de moins en moins efficace avec un état à la ramasse. Début d’après midi. Je pédale sur un vélib’ à Paris. Il fait chaud. Tennis, chino, tea shirt. Je m’apprête…

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