Drouot: Renoir, Marquet, Richier et les autres

Au rez-de-chaussée de l’hôtel Drouot qui comporte pour le public en plus un sous-sol et un premier étage, s’organisent de temps en temps des ventes prestigieuses comme celles de décembre où une grande salle permet d’accueillir un public nombreux. C’était plus ou moins le cas vendredi après-midi lors d’une vente organisée par la maison Beaussant Lefèvre.

En effet la salle sans être comble comme des fois où les gens se battent presque pour entrer, était pleine. Ne croyez pas que l’ambiance soit très guindée! A Drouot, c’est un peu “venez comme vous êtes” à condition de ne pas abuser. J’ai vu un jour un homme venir en bermuda et sandalettes se faire quand même houspiller par le commissaire priseur agacé par son laisser-aller. De loin en loin, on voit une femme voilée accompagnée. Je pense que c’est de la provocation. Je n’en ai jamais vu une lever la main pour enchérir. En tout cas si c’est le scandale qu’elle cherche, c’est raté. Personne ne lui fait la moindre remarque.

Mais revenons à notre vacation d’avant hier, 9 décembre 2022! Trois grands noms émergeaient d’un catalogue un peu surfait. Renoir, Marquet et Richier devaient donner du lustre à la vente. Ils arrivaient groupés, après les œuvres postimpressionnistes de bons artistes mais sans plus et avant d’autres du même tonneau, pour finir par des dizaines de dessins de Maximilien Luce.

Le petit tableau de Pierre Auguste Renoir, ci-dessous, (16 x 17,5 cm) était loin de faire l’unanimité. Non pas qu’il y eut un doute sur l’attribution, mais d’aucuns y reconnaissaient un de ces tableaux qu’à la fin de sa vie le maître insatisfait, son arthrose lui paralysant les mains, avait voulu mettre à la poubelle et qui avait été récupéré par son fils, Jean, après sa mort, pour financer ses films. Le marteau tomba à l’estimation basse soit 50 000 € plus les 28% de frais. Je pense qu’il a bien été vendu.

Le vrai succès fut pour l’oeuvre d’Albert Marquet, en une, (33 x 41,5 cm) qui approcha frais compris les 100 000 €, soit le double de l’estimation haute, après une belle bataille d’enchères. Personnellement, j’adore ce peintre mais j’ai ici envie de chipoter un peu. Regardez le! Vous verrez des lignes de forces horizontales sécurisantes et équilibrées, mais aucune oblique qui fait la vitalité d’une composition, son dynamisme comme Albert Marquet sait si bien en faire. Allez au musée d’art moderne de la ville de Paris, vous constaterez le dynamisme extraordinaire de ses bords de rivières! Ici rien d’équivalent mais en revanche une provenance impeccable avec la galerie Druet et la collection au Caire du prince Aly Khan.

Enfin la grosse déception vint avec les escrimeurs en bronze de Germaine Richier (ci-dessous) qui, j’en suis quasiment sûr, furent ravalés. Ils étaient beaux. Ils mesuraient 101 cm de haut. Mais sans doute étaient-ils trop chers… L’estimation entre 250 000 et 300 000 € refroidit les collectionneurs.

Terminons cette vente à Drouot par une petite anecdote! Un tableau bretonnant de Pierre de Bellay estimé entre 2 et 3 mille euros intéressait deux hommes assis devant moi. A 7000 € au marteau, ils ne l’acquirent pas et partirent immédiatement très agacés jusqu’à balancer maladroitement leur chaise sur mon genou. Les ventes aux enchères créent ces déceptions que certains digèrent mal. La nature humaine, l’art et l’argent, c’est souvent une bouillabaisse compliquée!

Frédéric Le Quer

Au rez-de-chaussée de l’hôtel Drouot qui comporte pour le public en plus un sous-sol et un premier étage, s’organisent de temps en temps des ventes prestigieuses comme celles de décembre où une grande salle permet d’accueillir un public nombreux. C’était plus ou moins le cas vendredi après-midi lors d’une vente organisée par la maison Beaussant Lefèvre. En effet la salle…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *