La fin de vie

Le dernier roman de Michel Houellebecq, “Anéantir”, est sur la fin de vie. Je vais citer quelques extraits concernant celle du père du héros. Ensuite je citerai quelques passages du reportage diffusé ce matin sur France Culture à 7h25 sur la situation actuelle d’un EHPAD où des salariés témoignent des conditions d’hébergements des vieillards qui y sont. On ne dit plus vieillard, je sais, mais ce mot brut de décoffrage n’empêchait pas de les respecter; depuis que le terme “personnes âgées” est de rigueur, le politiquement correct est encore une fois l’arbre qui cache une forêt d’horreur.

Le contexte du roman: Le père du héros a eu une attaque cérébrale. Il est incapable de décider de son sort. Les institutions ont alors tout pouvoir sur lui et il est placé dans un établissement pour les personnes en fin de vie. La famille n’ayant pas droit au chapitre décide alors de l’exfiltrer avec l’aide de jeunes activistes concernés par cette question.

“Dans toutes les civilisations antérieures ce qui déterminait l’estime, voire l’admiration qu’on pouvait porter à un homme, ce qui permettait de juger de sa valeur, c’était la manière dont il s’était comporté tout au long de sa vie (…). En accordant plus de valeur à la vie d’un enfant – alors que nous ne savons nullement ce qu’il va devenir, s’il sera intelligent ou stupide, un génie, un criminel ou un saint – nous dénions toute valeur à nos actions réelles. (…) La vie d’un jeune homme et plus encore d’un enfant a largement plus de valeur que celle d’une vieille personne (…) C’est un retournement complet, une mutation anthropologique radicale (…) Dévaluer le passé et le présent au profit du devenir, dévaluer le réel pour lui préférer une virtualité située dans un futur vague, ce sont les symptômes du nihilisme européen bien plus décisif que ceux que Nietzche a pu relever (…)”

Sur France Culture tout à l’heure il était question d’un établissement de long séjour à Besançon. L’accent était donné sur le manque de compétence du personnel embauché, anciens de la restauration ou du prêt à porter qui distribuent des médicaments, par exemple. Le cadre est ainsi donné: “Des protections moins chers (mauvaise qualité), des résidents ramassés comme des sacs à patates, pas de douche pour une vielle dame pendant 3 semaines”

La nourriture donnée n’est même pas toujours adaptée: ” Le résident est en train de s’étouffer. Il est en panique, il tousse énormément, il a les larmes aux yeux. On finit par lui passer un tuyau dans la gorge. C’est quelque chose de très douloureux”

Le travail est “mal fait ou bâclé par manque de personnel qualifié”. ” Il faut aller vite car on n’a pas assez de temps pour réaliser nos soins. Il arrive qu’il manque 2 personnes dans le service. Alors les trois quarts des patients restent en pijama, toute la journée au lit.”

“Dans la nuit, un des neufs services n’a pas de soignant pendant 4 heures. C’est toutes les nuits comme ça. Il est arrivé qu’un résident tombe et reste deux heures par terre.”

Tout le reportage est à l’avenant. La directrice conteste ces assertions.

Concluons ces témoignages sur la fin de vie en France, de nos jours, avec Houellebecq: “(…) ça n’allait pas bien du tout, l’EHPAD était encore pire que ce qu’elle avait imaginé. Les résidents qui n’étaient pas en état de se lever avaient tous des escarres épouvantables (…) Les malades criaient de leur chambre qu’on vienne s’occuper d’eux (…), parfois le petit vieux n’avait pas pu se retenir; il avait chié sur lui et sur le sol (…). Le pire de tout c’était leur regard implorant…”

Frédéric Le Quer

Le dernier roman de Michel Houellebecq, “Anéantir”, est sur la fin de vie. Je vais citer quelques extraits concernant celle du père du héros. Ensuite je citerai quelques passages du reportage diffusé ce matin sur France Culture à 7h25 sur la situation actuelle d’un EHPAD où des salariés témoignent des conditions d’hébergements des vieillards qui y sont. On ne dit…

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