Léon Pourtau (1872-1898)
La vente listée de jeudi 13 février 2025 à Drouot organisée par la maison Beaussant-Lefèvre réserva quelques surprises au niveau des prix. Intéressons-nous à deux résultats! Le premier concerne Léon Pourtau.
Je le reconnais bien volontiers, il faut commencer à être spécialiste pour connaître Léon Pourtau. Il était musicien et partit quelques temps, au cours de sa courte vie, jouer de la musique aux Etats-Unis. Bien mal lui en a pris, quand il revint un naufrage le vit périr en mer. Mais il a aussi, avant ça, été l’élève de Georges Seurat et un bon élève de l’homme didactique et ombrageux qu’était son maître. Ils aimaient tous les deux la musique. Le divisionnisme a quelque chose d’une partition où note par note un air finit par s’entendre, une image par se découvrir. Les tableaux de Léon Pourtau ont cet attrait.
Notre tableau, 34 x 41 cm, était signé du monogramme LP et daté 91. Le commissaire priseur qui laisse ses ventes courantes gérées par des seconds couteaux, ne s’est pas arrêté sur le monogramme et a simplement désigné l’oeuvre comme une école pointilliste en l’estimant sur sa bonne mine entre 300 et 400 euros tout en signalant un trou dans la toile. L’hôtel Drouot est parcouru de connaisseurs et ceux-ci ne mirent pas longtemps à retrouver l’artiste Léon Pourtau caché derrière les initiales. Un marchand dont les achats partent en Angleterre acquis le tableau pour 11 942 €. Il le remettra en vente plus tard à 20 000 €, avoue-t-il..
La même vente offrait aux amateurs un fusain à la signature prestigieuse, que cette fois tout le monde connait, Renoir. La liste disait : Ecole moderne « Tête d’enfant » fusain. Porte un cachet de la signature en bas à droite. 29,5 x 32,5 cm (à vue). Estimation entre 100 et 150 €. ( voir ci-dessous)
Autant dire que pour la maison de vente aux enchères, il s’agissait d’un faux. Un marchand me racontait que Wildenstein aurait refusé l’authentification. Dans la salle parmi les collectionneurs, certains disaient même qu’il s’agissait d’une impression! Bref, « au feu le dessin » hurlaient les pompiers pyromanes! Mais au moins deux clients pensèrent radicalement différemment. Et tellement différemment que le prix monta jusqu’à 35 840 € ce qui rend l’oeuvre, même si elle est vraie, assez chère à mon avis pour quelque chose qui semble visiblement de la dernière période du maître, la moins bonne.
Comme vous le voyez, jeudi à Drouot, c’était Dallas!
Frédéric Le Quer
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