Elisabeth Borne au dîner du Crif

Ce soir du 13 février 2023, Elisabeth Borne au dîner du Crif était redevenue Bornstein. Ses consternants atermoiements au moment de son entrée à Matignon à propos de la biographie de son père et de ses origines juives étaient heureusement oubliés. Elle s’assuma telle qu’elle était.

Les premières phrases de son discours furent même émouvantes: “Il y a des dates, qui marquent un destin. Pour mon père, mais en réalité pour toute ma famille, c’est le 25 décembre 1943. Ce jour-là, avec mon grand-père et mes oncles, il a été arrêté par la Gestapo. Puis ce furent les wagons plombés, les ordres, les coups, les humiliations. Drancy, Auschwitz. Ils étaient 1250 au départ. 6 sont revenus.” Tout le monde sachant maintenant que son père a fini par se suicider, elle en fit d’ailleurs allusion, ces mots prenaient une dimension, s’il est possible, encore plus terrible.

Alors bien sûr, il y eut aussi les tics de langage macroniste comme “celles et ceux”. Quelques lieux communs comme “faussaires de l’histoire” ne furent pas évités. On ne peut pas demander à des technocrates d’être des littéraires. Mais le fond du discours avait de la tenue. Si l’islam antisémite ne fut pas directement stigmatisé, le problème suintait dans tout le corps de la prise de parole d’Elisabeth Borne: “Et notre devoir, c’est de faire en sorte que jamais l’Histoire ne se répète. C’est combattre, de toutes nos forces l’antisémitisme, partout où il se montre, partout où il frappe, partout où il se cache”. Plus loin: “Transmettre, réparer, faire vivre la mémoire : c’est d’abord pour notre jeunesse que nous le faisons. C’est souvent dans l’esprit des jeunes que s’ancrent les préjugés, les stéréotypes et le poison du relativisme – voire du négationnisme. Alors, nous devons mener, impérativement, la bataille de la jeunesse. Et nous l’emporterons. (…) La shoah doit pouvoir être enseignée dans toutes les classes”.

Elisabeth Borne au dîner du Crif ne tira pas non plus un trait sur l’histoire de France comme c’est si à la mode actuellement. ” C’est à Rouen, sous la cour du Palais de Justice, que l’on trouve la Maison sublime, sans doute le plus ancien monument juif d’Europe. Quand on creuse la terre de France, on retrouve les traces du judaïsme”. C’était important de le rappeler. Les racines judéo-chrétiennes de la France prenaient sens dans l’intervention de la première ministre.

Alors qu’elle va probablement bientôt quitter son poste à Matignon compte tenu du pays ingouvernable dont elle a hérité, ce discours au dîner du Crif aura démontré qu’elle aurait pu mieux faire à condition de ne pas accompagner la France dans son naufrage mais lutter pour la sauver. Elisabeth Borne aurait pu mener ce combat.

Frédéric Le Quer

Ce soir du 13 février 2023, Elisabeth Borne au dîner du Crif était redevenue Bornstein. Ses consternants atermoiements au moment de son entrée à Matignon à propos de la biographie de son père et de ses origines juives étaient heureusement oubliés. Elle s’assuma telle qu’elle était. Les premières phrases de son discours furent même émouvantes: “Il y a des dates,…

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