Nicolas Poussin à Drouot

Sur 49 tableaux anciens présentés lors de la vacation, 23 n’ont pas trouvé preneur et parmi eux le Nicolas Poussin (en une). C’était mardi 26 novembre 2024 chez Me Ader à Drouot. Les estimations étaient sans doute un peu présomptueuses. La quasi totalité des ventes furent des acquisitions de la classe moyenne supérieure avec des résultats à 4 chiffres.

Voulue entre 800 mille et un million, la Vénus entre deux satyres du maître du XVIIe siècle n’intéressa donc ni les très riches, ni les musées. Même si Me Ader fit semblant d’avoir un acheteur à 750 mille euros au coup de marteau, les connaisseurs n’étaient pas dupes. Après la vente, les marchands et les amateurs cancanaient. « Ce tableau n’était pas beau », « il ne ressemblait pas à un Poussin », « Ce n’était pas de Nicolas Poussin », voir même « Poussin c’est un peu franco-français… » et plus prosaïquement « le propriétaire va maintenant avoir du mal à vendre son tableau… ». Ce que tout le monde avait trouvé formidable de voir vendu à Paris était maintenant jeté aux orties.

En fait la composition n’avait pas vraiment charmé. C’était assez banal pour l’époque, peu imaginatif. « Les œuvres de jeunesse de Nicolas Poussin sont une période à sujets mythologiques, hédonistes qui précèdent les compositions plus sérieuses et philosophiques qui domineront son oeuvre tardif », annonçait le catalogue, comme dans un mea culpa. Et oui! C’est Poussin le philosophe qui nous fait nous extasier, les Poussin du Louvre et de L’Hermitage devant lesquels on peut rester des heures sans bouger. Je dirais bien que c’est un plaisir un peu semblable à celui de lire Proust; mais non, ça fait prétentieux!

Bref, jusqu’à la fin, la presse a essayé de rameuter le chaland en parlant de « Poussin érotique ». C’était un peu lourd de se servir du sexe pour vendre une oeuvre de Nicolas Poussin. Pas du niveau. Et ce qui devait arriver, arriva. C’est dommage pour la place parisienne, le milieu des ventes aux enchères et simplement les amateurs. Les très grands noms de l’histoire de l’art risquent de se faire rares à Paris si cet échec n’est pas vite compensé par un beau succès…

Frédéric Le Quer

PS : Ci-dessus, L’automne de Nicolas Poussin (Musée du Louvre)

Sur 49 tableaux anciens présentés lors de la vacation, 23 n’ont pas trouvé preneur et parmi eux le Nicolas Poussin (en une). C’était mardi 26 novembre 2024 chez Me Ader à Drouot. Les estimations étaient sans doute un peu présomptueuses. La quasi totalité des ventes furent des acquisitions de la classe moyenne supérieure avec des résultats à 4 chiffres. Voulue…

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