Bellicistes

Les bellicistes veulent la guerre. Macron veut la guerre. Macron est un belliciste. Ce syllogisme, puisqu’il faut bien tirer le file jusqu’au bout, laisse entrevoir que massacres et épurations, pour reprendre les mots choisis par Henri Guaino, sont ses issues inavouées mais rêvées concernant le conflit ukrainien. Il se met maintenant en scène façon Raging Bull pour simuler un courage guerrier. C’est facile, c’est gratuit, lui n’ira jamais au front risquer de se faire tuer; il a déjà peur d’aller à Odessa, c’est dire!

Et maintenant des généraux trop heureux de jouer les premiers rôles s’y mettent aussi. Dans Le Point, pour le général Vincent Desportes, « la seule façon de montrer à Poutine que nous ne céderons pas, c’est de faire appel au sang des fils et des filles de France » ! C’est un peu pour ces gens comme une cerise sur le gâteau après les mots bellicistes du chef d’état major de l’armée de terre Pierre Schill dans Le Monde qui parle de la guerre comme “un mode assumé de résolution des conflits”; le vieux con ajoutant que “la guerre électronique n’est pas exclusive de corps-à-corps dans les tranchées”. Lui non plus, on n’est pas près de l’y voir dans les tranchées!

J’ai mis mon képi dans la cage
Et je suis sorti avec l’oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
a demandé le commandant
Non
on ne salue plus
a répondu l’oiseau
Ah bon
excusez-moi je croyais qu’on saluait
a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
a dit l’oiseau

Jacques Prévert

Et puis citons Hugo : “Les rois s’entendent sur un seul point : éterniser la guerre. On croit qu’ils se querellent; pas du tout, ils s’entr’aiment. Il faut, je le répète, que le soldat ait sa raison d’être. Éterniser l’armée, c’est éterniser le despotisme; logique excellente, soit, et féroce. Les rois épuisent leur malade, le peuple, par le sang versé. Il y a une farouche fraternité des glaives, d’où résulte l’asservissement des hommes.”

Glanons aussi ces mots chez Boris Vian :

A tous les enfants qui sont partis le sac à dos
Par un brumeux matin d’avril
Je voudrais faire un monument
A tous les enfants
Qui ont pleuré le sac au dos
Les yeux baissés sur leurs chagrins
Je voudrais faire un monument
Pas de pierre, pas de béton
Ni de bronze qui devient vert
Sous la morsure aiguë du temps
Un monument de leur souffrance
Un monument de leur terreur
Aussi de leur étonnement

Et puis il faut aussi lire Blaise Cendrars décrivant le sort de la piétaille “offerte en holocauste sur l’autel féroce et vorace des patries, le pavillon couvrant l’ignoble marchandise offerte à l’encan, sacrifiée pour rien, jetée à la vidange, les tranchées refaisant le plein. Quel gâchis !”.

Il faut les lire tous ces écrivains et les relire encore, puis cracher sur la gueule du président, de ses généraux et de tous les bellicistes.

Frédéric Le Quer

PS L’un de mes grands-pères a fait 14-18, l’autre a fait 39-40, mon père a fait la guerre d’Algérie et moi j’ai, par chance, juste fait mon service militaire. Aucune leçon de patriotisme à recevoir de quiconque.

Les bellicistes veulent la guerre. Macron veut la guerre. Macron est un belliciste. Ce syllogisme, puisqu’il faut bien tirer le file jusqu’au bout, laisse entrevoir que massacres et épurations, pour reprendre les mots choisis par Henri Guaino, sont ses issues inavouées mais rêvées concernant le conflit ukrainien. Il se met maintenant en scène façon Raging Bull pour simuler un courage…

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