Colère paysanne

Une curieuse colère paysanne commence à faire du bruit malgré la volonté médiatique de la rendre invisible. Ses raisons sont mauvaises mais ce n’est pas parce que la cause des agriculteurs en faveur d’exploitations aux rendements toujours plus élevés est insensée que la colère ne fera pas long feu.

Dans un monde parfait, une alimentation choisie devrait pouvoir être accessible à tous et rendre les paysans qui la produisent, heureux. De plus petites exploitations respectant le milieu naturel leur rendraient la vie meilleure. On en est loin.

70% des haies ont disparu. L’artificialisation des sols provoque le bétonnage de 24 000 hectares d’espaces naturels chaque année. On invente le terme d’agrivoltaisme pour recouvrir des terres cultivables de panneaux solaires. L’eau ruisselle et des mégabassines privatisent l’accès à l’eau. Les pesticides polluent les nappes phréatiques, appauvrissent les milieux naturels, intoxiquent la faune sauvage.

On fait n’importe quoi. 45 millions d’habitants en 1950, 70 millions d’habitants aujourd’hui sous prétexte d’entretenir, de plus en plus difficilement d’ailleurs, une croissance viciée établie dorénavant uniquement sur la base de la consommation.

La FNSEA est aux avants postes de cette politique qui échoue et le syndicat agricole au lieu de tenter un retour en arrière plus responsable écologiquement en demande encore plus. Le syndicat français s’aligne sottement sur les revendications des syndicats d’outre-Rhin. Il a oublié que la grandeur et la noblesse de l’agriculture française est sans commune mesure avec l’agriculture allemande, n’en déplaise à la présidente de la FNSEA partie faire allégeance à Berlin.

Il n’en demeure pas moins que les agriculteurs peuvent devenir des détonateurs d’une révolte plus large. Ils n’ont pas grand intérêt à rentrer dans le rang. Ils n’ont pas grand chose à perdre avec le chaos généralisé.

Ce weekend plusieurs autoroutes seront bloquées. Tous les opposants politiques à Emmanuel Macron soutiennent ce début de soulèvement, quelques uns sincèrement mais nombreux avec l’arrière pensée de voir venir grâce à cela une période tumultueuse. Les médias aux ordres se taisent de peur d’envenimer la situation mais le pouvoir sent que le moment est explosif.

Evidemment il faut soutenir les révoltés sans être dupe de leurs revendications en faveur de l’agriculture intensive. La colère paysanne actuelle est un moyen, non une fin. Le moyen à nouveau de déstabiliser Emmanuel Macron, son gouvernement, son européisme fanatique.

Frédéric Le Quer

Une curieuse colère paysanne commence à faire du bruit malgré la volonté médiatique de la rendre invisible. Ses raisons sont mauvaises mais ce n’est pas parce que la cause des agriculteurs en faveur d’exploitations aux rendements toujours plus élevés est insensée que la colère ne fera pas long feu. Dans un monde parfait, une alimentation choisie devrait pouvoir être accessible…

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