Fragonard (1732-1806)
Cette sage et jolie jeune fille au chapeau, en une, peinte par Jean-Honoré Fragonard sur une toile ovale (52 x 42,5 cm) était présentée dans son cadre du XVIIIe siècle par la maison Boisgirard-Antonini hier à Drouot lors de la dernière journée de vente de l’année. Le maître est rarissime sur le marché. Comme par un fait exprès, la maison Artcurial sur les Champs Elysées venait néanmoins de présenter le 22 novembre 2023 le tableau mythologique ci-dessous – dans la hiérarchie des genres picturaux des siècles passés, les scènes mythologiques sont classés en n° 1 devant les portraits – (72 x 91 cm) qui avait fait 5 714 800 €.
Cette fois Drouot était à la manœuvre par l’intermédiaire d’une ancienne maison de vente dont les bureaux en fond de cour d’un vieil immeuble parisien du 9e arrondissement simulaient quand on y pénétrait, un capharnaüm que Balzac se serait plu à décrire sur plusieurs pages dans La Comédie Humaine. Cela n’empêchait pas le tableau d’être superbe!
Ce n’était pas l’une des 14 figures de fantaisie de Fragonard transformant la conception du portrait -tout le monde a déjà vu au moins celle de Diderot – qui abolirent la distinction entre esquisse et tableau achevé. En une heure de temps le maître y saisissait sur la toile la substantifique moelle de la personne devant lui. Ici, l’oeuvre était très classique, très appliquée. Mais l’air un rien mélancolique du modèle à la bouche si sensuelle -eh! C’est Fragonard! – et une provenance bien établie enthousiasmaient les amateurs fortunés attirés peut-être par une estimation ne dépassant pas 600 000 €.
Evidemment il a fallu mettre au bout! Dans une salle comble, à deux millions d’euros, les téléphones étaient encore nombreux à se battre. et trois millions deux cent cinquante mille euros durent être investis pour s’offrir le chef d’oeuvre.
Frédéric Le Quer
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